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La passion : un remède naturel pour le TDAH

  • Photo du rédacteur: Zineb TherapiCo
    Zineb TherapiCo
  • 30 juin
  • 6 min de lecture

Le trouble du déficit de l’attention avec/sans hyperactivité (TDAH) se manifeste par des difficultés d’attention, d’impulsivité et une instabilité émotionnelle. Pour les personnes concernées et leurs proches, cela signifie souvent lutter contre la procrastination, la perte d’intérêt et l’agitation. Heureusement, le cerveau TDAH possède un moteur particulier : la passion pour certains centres d’intérêt. Lorsqu’une personne TDAH peut se concentrer sur un sujet qui la passionne, elle entre souvent en état d’hyperfocus, c’est-à-dire une concentration intense sur l’activité en cours. Comme le résume Mélanie Ouimet, experte en neurodiversité : « les personnes qui ont un TDAH possèdent une capacité significative à se concentrer sur des tâches qui les passionnent, une compétence souvent appelée hyperfocus ». Autrement dit, concentration et motivation explosent dès lors qu’on mobilise ses intérêts personnels.

Enfant TDAH en hyperfocus en train de dessiner, illustrant l'effet de la passion sur la concentration.

Un cerveau dopaminergique sur sollicitation

Le cerveau TDAH est « câblé différemment » sur le plan chimique. En particulier, les niveaux de dopamine (le neurotransmetteur clé de la motivation et de la récompense) y sont généralement plus faibles ou moins bien régulés. Cela signifie que la motivation intrinsèque est souvent insuffisante pour lancer ou poursuivre une tâche banale. Pour compenser, les cerveaux TDAH cherchent des “coups de pouce” : nouveauté, urgence, compétition… ou passion. En clair, passion et centres d’intérêt libèrent la dopamine manquante. Dans le langage scientifique, on parle de « circuit de récompense dopaminergique » : une étude d’imagerie cérébrale a montré que la dysfonction de ce circuit (voie VTA-accumbens) chez l’adulte TDAH est corrélée à un déficit de motivation. À l’inverse, lorsque l’activité est en phase avec une passion ou un intérêt personnel, le cerveau TDAH réagit vigoureusement : « Intérêt et passion libèrent cette dopamine tant convoitée… Elles lancent le cerveau et réduisent l’obstacle du démarrage en simple butée ». Dit autrement, ce qui est ennuyeux devient insurmontable, mais ce qui est passionnant devient facile à démarrer.


Passion et concentration : l’hyperfocus à l’œuvre

Le phénomène d’hyperfocus est la manifestation la plus spectaculaire de ce mécanisme. Lorsqu’une personne TDAH fait quelque chose qui la passionne (peinture, écriture, sport, projet créatif, etc.), elle peut y consacrer des heures sans se lasser ni se disperser. Dans cet état, le cerveau « ignore les distractions » et libère en permanence de la dopamine, ce qui alimente une concentration quasi-transe. Hyperfocus signifie littéralement « sur-concentration » : si la passion est forte, l’attention s’emballe. Par exemple, des étudiants TDAH ont rapporté qu’en travaillant sur un sujet qui les intéresse profondément, ils n’avaient pas besoin de pause et pouvaient produire un travail de grande qualité. Cette hyperfocalisation montre que le TDAH n’est pas un déficit d’attention généralisé : la capacité de se concentrer existe, mais seulement lorsqu’on est intrinsèquement motivé.


Passion et motivation : le carburant de la dopamine

La passion remplit le réservoir de motivation là où la simple exigence extérieure échoue. Lorsqu’on se passionne, le cerveau anticipe la récompense émotionnelle, ce qui déclenche une poussée de dopamine avant même de commencer le travail. Cette anticipation positive « satisfait un désir et augmente le rush de dopamine », rendant la tâche stimulante plutôt qu’une corvée. Dans un article spécialisé, on lit : « Intérêt et passion libèrent cette dopamine tant convoitée. Elles mettent le cerveau en mouvement… [et] transforment l’obstacle du démarrage en simple butée ». Concrètement, cela signifie qu’un enfant ou un adulte TDAH est bien plus à même de s’engager dans un exercice d’orthographe ou un projet scolaire si on y intègre un thème qui le passionne, ou sous la forme d’un jeu ou d’un défi personnel. De même, au quotidien, rencontrer ses propres passions (hobbies, sports, arts, technologie…) génère un cercle vertueux : chaque réalisation procure un sentiment de succès nourrissant l’estime de soi et la motivation.

  • État de flow : être passionné favorise l’“état de flow”, où l’on est tellement absorbé par l’activité que le temps semble s’arrêter. Cet état mental améliore les performances et la créativité.

  • Nouveauté et défi : un projet passionnant comporte souvent un défi ou un aspect nouveau à découvrir. Or, la nouveauté est un puissant activateur dopaminergique pour le cerveau TDAH. Conjuguer passion et nouveauté (par exemple apprendre un instrument, tester une nouvelle recette, coder un jeu) entretient l’intérêt sur le long terme.


Passion et régulation émotionnelle : canaliser l’énergie

Le lien entre passion et émotions est étroit chez les TDAH. Les personnes TDAH ont souvent besoin d’un fort engagement émotionnel pour rester stables. Comme le souligne l’experte Mélanie Ouimet, elles éprouvent « des difficultés à réguler leurs émotions lorsqu’elles ne sont pas engagées dans des activités qui résonnent avec leurs intérêts personnels ». En clair, l’ennui et le manque de stimulation adéquate sont souvent à l’origine de l’agitation, de la frustration ou des accès de colère. À l’inverse, être passionné apaise l’esprit : la concentration intense fournit une satisfaction cérébrale qui équilibre l’humeur. Par exemple, canaliser sa nervosité dans la pratique régulière d’une passion sportive ou artistique crée une soupape émotionnelle. De plus, la fierté ressentie après avoir accompli quelque chose qui passionne booste la confiance en soi. Cette dynamique positive contribue à mieux gérer stress et émotions négatives.

« Les personnes TDAH ont des besoins émotionnels particuliers qui influencent leur motivation et leur capacité à s’engager… Ainsi, l’agitation observée peut être liée à un manque de stimulation émotionnelle appropriée plutôt qu’à un défaut intrinsèque de régulation ».

Conseils pour cultiver sa passion au quotidien

  1. Explorez vos centres d’intérêt. Faites la liste de ce qui vous enthousiasme (métiers de rêve, loisirs de cœur, sujets qui vous font oublier le temps). Encouragez les enfants à essayer différentes activités (musique, sport, sciences, bricolage). L’objectif est de découvrir ce qui suscite le « déclic ».

  2. Intégrez la passion dans les tâches quotidiennes. Si une corvée doit être faite, trouvez-lui un élément motivant : un délai ludique, de la musique stimulante, un jeu de pointage, ou un lien avec une passion (par exemple écouter un podcast sur un sujet favori en rangeant).

  3. Encadrez l’hyperfocus. Lorsqu’on est plongé dans un projet passionnant, il peut être difficile de s’arrêter. Planifiez des plages horaires pour la passion, avec des rappels (alarme ou partenaire responsable) pour éviter l’épuisement ou le délaissement des autres obligations.

  4. Introduisez de la nouveauté. Même dans une passion installée, variez les défis (niveaux plus élevés, nouvelles techniques, compétition amicale). Le fait de progresser active davantage le circuit de récompense.

  5. Valorisez les réussites liées à la passion. Célébrez chaque progrès ou création réalisée grâce à l’intérêt personnel. Le sentiment de réussite renforce la motivation et rappelle le rôle positif de la passion.


Conclusion

La passion n’est pas un simple « bonus » pour les personnes TDAH : c’est une stratégie naturelle puissante pour améliorer la concentration, la motivation et l’équilibre émotionnel. En comprenant ce mécanisme, on change de perspective sur le TDAH : loin d’être une faiblesse irréversible, c’est une « variation normale du fonctionnement neurologique » où l’intérêt et l’enthousiasme offrent un levier unique. Plutôt que de lutter contre le TDAH, nous pouvons l’accompagner en faisant de la passion un allié au quotidien. Comme le note un article spécialisé, exploiter ses intérêts « permet de tirer parti de [sa] capacité d’hyperfocus » et d’améliorer sensiblement l’engagement. En somme, trouver et nourrir ses passions, c’est fournir à son cerveau TDAH la “carburant” dont il a besoin pour avancer plus sereinement – une approche à la fois scientifique et porteuse d’espoir pour tous ceux qui vivent avec le TDAH.


En ligne ou en présentiel à Laval

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 Thérapeute spécialisée en neurodivergence et soutien parental|B. Sc. Psychologie


 Bibliographie

  1. Barkley, R. A. (2015). Attention-Deficit Hyperactivity Disorder: A Handbook for Diagnosis and Treatment (4e éd.). New York : Guilford Press.

  2. Volkow, N. D., Wang, G. J., Newcorn, J., Kollins, S. H., Wigal, T. L., Telang, F., ... & Swanson, J. M. (2007). Motivation deficit in ADHD is associated with dysfunction of the dopamine reward pathway. Molecular Psychiatry, 12(3), 315–321. https://doi.org/10.1038/sj.mp.4001930

  3. Ouimet, M. (2023). Comprendre le TDAH autrement : Une approche basée sur la neurodiversité. Montréal : Éditions de l’Homme.

  4. Hallowell, E. M., & Ratey, J. J. (2011). Driven to Distraction: Recognizing and Coping with Attention Deficit Disorder from Childhood Through Adulthood. Anchor Books.

  5. Brown, T. E. (2013). A New Understanding of ADHD in Children and Adults: Executive Function Impairments. Routledge.

  6. Kutscher, M. L. (2008). Kids in the Syndrome Mix of ADHD, LD, Autism Spectrum, Tourette's, Anxiety, and More! London : Jessica Kingsley Publishers.

  7. La Fondation du TDAH (Canada). (s.d.). Hyperfocus : un super pouvoir ou un piège ? [Article en ligne]. https://www.caddra.ca/

  8. Psychology Today. (s.d.). ADHD and Passion: A Natural Connection. https://www.psychologytoday.com


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